Que faire absolument à Madagascar : Parcourir la mythique route nationale 7 (partie 2)
- Sunzu MG
- 7 févr. 2024
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 mars

Après une halte à Ambalavao, le paysage le long de la RN7 se métamorphose à nouveau, laissant place à d’immenses plaines et plateaux s’étendant à perte de vue. Cette transformation géographique s’accompagne d’un changement climatique notable. Le climat frais et humide du pays Betsileo cède la place à une atmosphère plus aride et ensoleillée. Sous un ciel d’un bleu éclatant, le soleil domine sans partage, faisant grimper les températures jusqu’à 30°C.
Ihosy, la capitale d'Ihorombe
Notre voyage nous mène à Ihosy, capitale de la région Ihorombe et terre de l’ethnie Bara, un peuple réputé pour son courage et sa virilité. Selon la tradition, les jeunes Bara doivent voler un zébu à l’adolescence pour prouver leur bravoure, un rite initiatique marquant leur passage à l’âge adulte et leur permettant de gagner la faveur des femmes.
Fiers et élégants, les hommes Bara portent des colliers, pendentifs, talismans et parfois des peignes dans leurs cheveux. En tant que pasteurs nomades, ils sont souvent équipés de sagaies, coupe-coupe ou fusils, mais malgré cette apparence guerrière, ils sont connus pour leur nature sociable et accueillante.
La région d’Ihorombe, bien que désertique, offre un paysage unique. À quelques kilomètres d’Ihosy, le plateau d’Ihorombe s’étend sur des dizaines de kilomètres avec une route droite à perte de vue, donnant l’impression d’une étendue infinie. À première vue, le paysage peut sembler monotone, mais il est ponctué de palmiers Bismarkia, appelés localement “Satrana”. Ces arbres, utilisés par les habitants pour la construction des cases, peuvent atteindre 25 mètres de haut, avec des feuilles en éventail de près de 3 mètres. À la tombée de la nuit, il est courant d’y observer des hiboux perchés.
La région est également riche en grottes, idéales pour les amateurs de spéléologie. Certaines abritent d’impressionnantes colonies de chauves-souris de taille inhabituelle, tandis que d’autres dévoilent des formations spectaculaires de stalactites et stalagmites.
Ihosy est un carrefour stratégique où se rejoignent plusieurs routes nationales. La RN7 traverse la ville et croise la RN13, longue de 500 kilomètres, menant à Fort-Dauphin en passant par Betroka, Ambovombe et Amboasary Sud. De son côté, la RN27 relie Ihosy à Farafangana sur 275 kilomètres de pistes secondaires à travers la région d’Ivohibe.
Ranohira - Isalo : un paysage aux allures de western
Après 40 kilomètres de route paisible sur les lignes droites infinies du plateau d’Ihorombe, les voyageurs atteignent Ranohira, porte d’entrée du célèbre parc national de l’Isalo. Ce massif spectaculaire est l’un des joyaux touristiques de Madagascar, abritant une biodiversité exceptionnelle avec pas moins de 77 espèces d’oiseaux, 33 espèces de reptiles, 15 micromammifères et amphibiens, ainsi que de nombreux lémuriens endémiques.
Au cœur de ce paysage digne du Far West, l’Isalo dévoile des formations rocheuses en grès, sculptées par des millions d’années d’érosion. Canyons vertigineux, grottes mystérieuses, cascades rafraîchissantes et piscines naturelles se succèdent, offrant des havres de fraîcheur aux randonneurs sous un soleil souvent ardent.
L’un des moments les plus marquants d’une visite à l’Isalo reste le coucher de soleil, qui pare le massif de teintes dorées et flamboyantes. Le site emblématique de la "Fenêtre de l’Isalo" est un passage incontournable pour admirer ce spectacle naturel inoubliable.
L’Isalo abrite également des tombeaux traditionnels Bara, creusés directement dans les falaises rocheuses. Certains sont considérés comme provisoires lorsqu’ils sont situés en contrebas, tandis que les sépultures en hauteur sont définitives. Il est strictement interdit de les pointer du doigt, une croyance ancestrale affirmant que les défunts sont intimement liés aux divinités. Pour désigner un tombeau, il est préférable de recroqueviller ses doigts afin de respecter les traditions locales.
L’exploration du parc national de l’Isalo peut s’étendre sur plusieurs heures voire plusieurs jours, selon les itinéraires choisis. Pour une expérience optimale, il est essentiel de sélectionner un guide expérimenté, d’opter pour un circuit adapté à son niveau et d’emporter suffisamment d’eau ainsi que de la crème solaire pour se protéger du climat souvent aride.
Ilakaka, LA capitale du SAPhir
Depuis la découverte des premiers saphirs en 1998, Ilakaka est passée d’un modeste hameau à une ville de plusieurs dizaines de milliers d’habitants. Ce village autrefois paisible a connu une ruée minière spectaculaire, attirant des exploitants du monde entier, prêts à tout pour faire fortune en un temps record. Avec des mines creusées à la main jusqu’à 15 mètres de profondeur, des conditions de travail dangereuses ont entraîné de nombreux accidents.
S’étendant sur plus de 30 kilomètres carrés, le gisement de saphirs d’Ilakaka est l’un des plus vastes au monde. Les pierres extraites varient en couleur, du bleu profond au rose délicat en passant par le jaune éclatant. La ville est devenue un carrefour du négoce international, où des centaines de marchands locaux servent d’intermédiaires entre les mineurs et les acheteurs étrangers, principalement venus du Sri Lanka et de Thaïlande.
Avec ses rues poussiéreuses et son ambiance effervescente, Ilakaka rappelle les villes du Far West. Il n’est pas rare d’y croiser des hommes armés, un héritage des tensions passées liées au commerce des pierres précieuses. Toutefois, après plus de 20 ans, la ville a retrouvé une certaine stabilité. Le commerce, la restauration et le transport se sont développés pour accompagner la vie quotidienne des habitants.
Située sur la route nationale 7 (RN7), Ilakaka est un passage incontournable pour les voyageurs en direction du sud de Madagascar. Cependant, quelques précautions s’imposent lors d’une halte : verrouillez votre véhicule, évitez d’exposer vos objets de valeur et ne vous aventurez pas seul dans les ruelles isolées.
Tuléar, la ville du soleil
Tuléar, la ville qui ne dort jamais, est la capitale de la région Atsimo-Andrefana, la plus vaste de Madagascar avec 66 000 km² de superficie. Véritable joyau du sud de l’île, cette région abrite quatre réserves et parcs nationaux, ainsi que le spectaculaire massif du Makay. Avec plus de 100 kilomètres de plages paradisiaques, elle est une destination de choix pour les amoureux de la nature et des paysages grandioses.
Située sous un climat aride, Tuléar est surnommée la "Ville du Soleil" en raison de son ensoleillement permanent. Le tropique du Capricorne passe à quelques kilomètres seulement. En empruntant la route vers Saint-Augustin, un village de pêcheurs Vezo situé à 30 km, on aperçoit des stèles marquant ce parallèle imaginaire. Ce village, niché au pied de majestueuses falaises calcaires blanches, se trouve à l’embouchure du fleuve Onilahy et est réputé pour sa pêche abondante. L’après-midi, les pêcheurs reviennent avec leurs prises à bord de piroques à balancier, fournissant en poissons frais les restaurants locaux.
Au large, l’îlot de Nosy Ve est un sanctuaire pour le Phaéton à brins rouges, un oiseau marin aussi appelé paille-en-queue à queue rouge, qui vient y nicher.
Sur la route de Saint-Augustin, une halte s’impose à l’arboretum d’Antsokay, un parc botanique de 40 hectares fondé dans les années 1980 par le botaniste suisse Herman Petignat. Il abrite plus de 900 espèces végétales, majoritairement endémiques, dont de nombreuses plantes médicinales.
De là, il est possible de rejoindre en bateau ou en voiture les splendides plages de Sarodrano et d’Anakao, où le sable blanc rencontre une mer turquoise. Les récifs coralliens foisonnent de poissons multicolores, faisant le bonheur des amateurs de plongée. Des hôtels charmants et confortables permettent de prolonger l’évasion dans ce décor de carte postale.
En remontant le fleuve Onilahy, on découvre la piscine naturelle d’Andoharano, un véritable havre de fraîcheur.
Plus au sud encore, le parc naturel de Tsimanampetsotse dévoile ses paysages uniques : une forêt épineuse, un lac salé et des formations calcaires parsemées de grottes et d’avens. La faune y est remarquable :
8 espèces de lémuriens, dont le sifaka et le maki, en danger d’extinction,
124 espèces d’oiseaux, dont les flamants roses,
57 espèces de reptiles, 2 espèces de tortues, 4 amphibiens et 3 carnivores, dont le fosa,
9 espèces de chauves-souris et 9 espèces de mammifères terrestres.
Dans la ville même, plusieurs sites méritent une visite :
Le Musée de la Mer expose des coraux, éponges, coquillages, poissons et tortues, mais aussi un spécimen de cœlacanthe, un poisson préhistorique vieux de 400 millions d’années.
Le Cedratom, ou Musée des Arts et Traditions du Sud Malgache, dévoile la culture Mahafaly et Sakalava à travers leur artisanat et leurs rites funéraires.
Le Musée régional de l’Université de Tuléar conserve une collection ethnologique ainsi qu’un œuf d’æpyornis, un oiseau-éléphant géant, aujourd’hui disparu.
Non loin de la ville, le village de Miary est connu pour son arbre sacré Fihamy, un banian aux racines aériennes impressionnantes. Selon la légende, cet arbre serait la réincarnation d’un jeune couple sacrifié pour protéger le village d’une crue du fleuve Fiherenana. Intouchable et protégé, il est aujourd’hui une véritable forêt vivante.
Enfin, pour les passionnés de biodiversité, l’aire protégée d’Amoron’i Onilahy est un autre joyau du sud, avec :
9 espèces d’oiseaux,
27 espèces de mammifères,
55 espèces de reptiles, dont 19 endémiques du Sud-Ouest.
Que vous soyez passionné de nature, d’histoire ou d’aventure, Tuléar et sa région offrent une expérience inoubliable, entre paysages à couper le souffle et immersion culturelle unique.
Ifaty, fin dU périple sur la route nationale 7
Après le sud de Tuléar, prenez la direction du nord pour explorer la célèbre route menant jusqu’à Morombe. Après environ 20 kilomètres, vous arriverez à Ifaty, une station balnéaire tranquille et préservée, comparable à des destinations comme Anakao ou Sarodrano. Ifaty est l’endroit idéal pour profiter de la mer cristalline, avec des activités variées comme la baignade dans des eaux turquoise, la plongée sous-marine ou simplement une promenade en mer.
Le lagon bleu d’Ifaty est protégé par des récifs coralliens, offrant des conditions parfaites pour des excursions en pirogue. Ces dernières, naviguant paisiblement au large, apportent souvent des trésors frais tels que langoustes, poissons grillés et oursins, préparés directement par les pêcheurs locaux.
Après une journée à la plage, découvrez la célèbre forêt de baobabs d'Ifaty, un site unique où se côtoient des centaines de baobabs majestueux. Madagascar abrite 7 des 8 espèces de baobabs existantes, dont six sont endémiques. Ces arbres millénaires, qui peuvent atteindre jusqu’à 50 mètres de hauteur, sont des témoins de plusieurs siècles d’histoire naturelle. Ce site, qui s’étend sur 60 hectares, regroupe également plus de 1 000 espèces végétales xérophiles, comme les arbres pieuvres "Didiéracées", et une faune locale composée de 74 espèces animales, dont des oiseaux rares, des tortues, des serpents et des lémuriens.
Si vous êtes passionné par les reptiles, ne manquez pas le "Village des Tortues" à proximité d'Ifaty. Ce site abrite plus de 2 000 tortues rayonnées "Astrochelys radiata" et tortues araignées "Pyxis arachnoides", des espèces menacées et protégées. Une occasion rare d’observer de près ces créatures fascinantes dans leur habitat naturel.
Après avoir parcouru plus de 1 000 kilomètres, votre aventure sur la route nationale 7 touche à sa fin, mais de nombreuses autres découvertes vous attendent. Pour ne rien manquer de ces merveilles locales, n’hésitez pas à solliciter l’aide des guides locaux ou à échanger avec les habitants pour découvrir d’autres attractions inédites et moins connues.
CONSEILS POUR LES TOURISTES
Préparez votre itinéraire: La RN7 est un périple qui demande énormément de temps. Définissez les étapes que vous souhaitez visiter en fonction de vos centres d'intérêt et du temps disponible.
Réservez votre hébergement: Les options d'hébergement varient en fonction de votre budget et de vos préférences.
Apprenez quelques mots de malgache : même si le français est également parlé par de nombreuses personnes, la langue la plus utilisée à Madagascar est le malgache. Apprendre quelques mots de base vous permettra de mieux communiquer avec la population locale.
Il est possible de se déplacer en taxi-brousse mais de préférence accompagné par un guide ou une connaissance.
La monnaie officielle de Madagascar est l'ariary. Vous pourrez changer vos devises dans les banques et les bureaux de change.
Il est important de se faire vacciner contre la fièvre jaune et le paludisme avant de se rendre à Madagascar.
Respectez l'environnement: Madagascar est un pays fragile. Adoptez un comportement responsable et ne laissez aucune trace de votre passage.
Respectez les us et coutumes locaux : comme partout à Madagascar, chaque région a ses propres us et coutumes. Demandez conseils à vos guides sur le comportement à adopter lors de votre séjour
EN RÉSUMÉ
La route nationale 7 est une route unique qui vous permettra de découvrir la beauté et la diversité de Madagascar. Elle traverse des régions aux climats et aux reliefs variés, offrant aux voyageurs un spectacle époustouflant. Des plaines verdoyantes aux plateaux arides, des forêts tropicales luxuriantes aux massifs montagneux imposants, chaque étape réserve son lot de surprises et d'émerveillement.
Ce voyage initiatique vous emmène au cœur de l'âme de Madagascar. Laissez-vous transporter par ces paysages spectaculaires, rencontrez ses habitants chaleureux et vivez une expérience authentique et inoubliable. Explorez la culture et les traditions locales et laissez-vous envoûter par le charme de ce pays extraordinaire.
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